Colloque « Les romans de Mammeri sont ethnographiques »

Charles Bonn, professeur émérite à l’université de Lyon, a souligné que la catégorie «romans
ethnographiques reste le plus souvent appliquée aux textes de Mouloud Mammeri».

Des universitaires se sont attelés à décortiquer l’oeuvre de l’illustre écrivain, Mouloud Mammeri, à l’occasion d’un colloque international qu’abrite, depuis hier, la maison de la culture de Tizi Ouzou. Les intervenants ont essayé d’aborder la thématique de la rencontre sous plusieurs angles.

Ainsi, Charles Bonn, professeur émérite à l’université de Lyon, a donné une communication, à travers laquelle il a expliqué que la catégorie «romans ethnographiques reste le plus souvent appliquée aux textes de l’auteur de La Colline oubliée». «Cette catégorie est-elle encore valable ?», s’est-il interrogé.

Selon lui, les textes de Mammeri sont descriptifs. «Ils reposent sur l’ambiguïté de la rencontre de deux langages qui ne s’entendaient pas.»

L’orateur a fait remarquer que Mammeri, Feraoun et Dib seraient le prototype de ce qui fut appelé «le courant ethnographique des débuts de la littérature algérienne de langue française». Le chercheur a ajouté que Mammeri et Feraoun, entre autres, ont opté pour ce «courant fondateur dont la dynamique essentielle serait la description où la beauté littéraire repose sur le sacrifice des mères».

Et pour expliquer ses propos, Charles Bonn donne l’exemple de la réaction des femmes du village, dans La colline oubliée, quand l’armée française venait prendre les jeunes pour les incorporer durant la guerre contre l’Allemagne.

«Il y avait le cri de douleur qui se répandait d’une colline à l’autre», a-t-il souligné.

De son côté, Yamilé Ghebalou, professeur à l’université d’Alger, a évoqué «la traversée des paroles fondatrices des oeuvres de Mouloud Mammeri».

Elle a souligné, par ailleurs, que dans les textes de Dda l’Muludh, il y a un langage culturel qui exprime l’importance des savoirs et les positionnements de l’auteur en tant que chercheur.

«On doit aussi saisir les enjeux multiples de la transversalité de l’oeuvre d’écriture de Mammeri.

Traversée des cultures et tentatives d’établissement des ponts inédits entre les instances de discours, de savoirs», a-t-elle précisé.

Hocine Halouane, enseignant au département de français à l’université de Tizi Ouzou, a, pour sa part, mis l’accent sur l’importance de la traduction d’ouvrages. «Produire un ouvrage dans les deux langues laisse supposer un double message : aux siens et aux autres.

Ecrire ‘‘sa langue’’ dans une autre, c’est inscrire la culture de son groupe dans une dimension universelle», a-t-il estimé. Les travaux du colloque sur Dda l’Muludh se poursuivront aujourd’hui, avec au programme des communications comme celle intitulée «L’errance dans la traversée de Mouloud Mammeri», qui sera donnée par Siham Kharroubi, enseignante au département de français de l’université d’Oran.

Enfin, notons que les travaux de la première journée de ce colloque, organisé par la direction de la culture en collaboration avec l’université, l’APW et le comité des activités culturelles et artistiques de la wilaya de Tizi Ouzou, se sont déroulés devant une faible assistance.

Hafid Azzouzi
© El Watan

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