Conférence de Ghaleb Bencheikh, vendredi 20 janvier 2017 au CCVA , à Villeurbanne

ghaleb-bencheik-annecy-1920x10801-800x450 photo Jacques BersetPlutôt qu’une conférence structurée Ghaleb Bencheikh a développé une suite de réflexions qui portent sur la République, l’Islam et la laïcité.

La laïcité : Pour répondre à la question : est-elle compatible avec l’Islam ?
Ce n’est pas une religion, c’est une voûte commune sous laquelle nous vivons pour avoir la liberté de croire ou de ne pas croire ou de changer de croyance. C’est un simple principe juridique qui n’a rien à voir avec une idéologie. Donc sa comptabilité avec l’Islam est un faux problème.

Islam et République :
La question est : comment voulons-nous vivre ensemble ?
Nous devons résister au double piège tendu par la doctrine et le terrorisme. C’est une situation complexe, qui relève à la fois du social, du politique et du théologique. Le théologique est peut-être le plus important. Comment faire pour sortir par le haut de cette crise ?

– Le social : ne pas faire une croix sur les conditions de vie dans les banlieues, la discrimination, le racisme.

– Le politique : la République doit avant tout respecter la liberté. Il est impossible d’imposer à l’homme une religion. Dans la liberté il y a aussi l’égalité, la reconnaissance des êtres humains, en particulier l’égalité homme-femme, et une meilleure égalité entre les humains, c’est à dire une meilleure répartition des richesse (le conférencier n’a pas développé ces points qui peuvent faire l’objet d’autres conférences…). Or notre République n’a pas toujours respecté la liberté et n’a pas toujours rempli ses devoirs envers ses citoyens en particulier ceux qui vivaient dans les colonies françaises. Par exemple l’obligation scolaire : l’école fait partie des devoirs de la République – nourrir, éduquer ses enfants– n’a pas été appliquée dans les colonies française.
On peut aussi se poser la question : Comment une République peut-elle être islamiste ? Peut-il y avoir par exemple un code de la route islamiste ? Aucune République ne peut empêcher l’homme de réaliser son besoin fondamental de liberté.

– Le théologique : La révélation coranique, comme la révélation biblique, doit être comprise par l’homme en fonction du moment, du lieu. Elle n’est pas intrinsèque, « ex nihilo ». Comprise par l’homme, elle est forcément interprétée par l’homme. Il faut donc que cette interprétation se fasse en utilisant l’entendement humain, la raison. Les théologiens doivent se mettre au travail, ils doivent en particulier « dé-juridiciser » le Coran. D’ailleurs il n’y a pas une seule sharî‘a puisqu’il il y a 4 écoles coraniques. Le juridique relève des humains et non du prophète celui-ci le dit « obéissez aux détenteurs de l’ordre » comme la Bible dit « rendez à Dieu ce qui est à Dieu et à César…. »
Les théologiens doivent aussi travailler à la désacralisation de la violence.
Les régimes politiques -wahabisme, république islamique…-, qui se revendiquent de l’Islam ne sont que des constructions humaines qui peuvent trouver des explications historiques, notamment dans la fin de la domination de l’Empire Ottoman , mais qui ne peuvent pas prétendre être l’Islam.

Remarque :
A la question posée par une jeune femme sur le port du voile, Ghaleb Bencheikh répond « Mademoiselle je suppose que vous êtes à l’Université, faites de études, étudiez, c’est cela qui est important ».

Pierrette Meynier

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