Cultures franco-maghrébines – Lettre #15


ÉDITO

 

La rentrée littéraire nous a offert une série de romans reliés à la Guerre d’Algérie, que nous comptons vous relater dans nos prochains numéros. Il est toujours impressionnant de constater dans la foulée de Benjamin Stora et de bien d’autres que cette histoire ne passe pas, que les mémoires n’en finissent pas de revisiter cette période. Cela donne notamment de superbes livres que nous avons plaisir à lire, commenter et peut-être vous inciter à lire.
Le cinéma devrait aussi dans les prochaines semaines donner matière à visiter le Maghreb pour en apprécier ses créations. N’hésitez pas à nous suggérer, chères lectrices, chers lecteurs, des œuvres, des évènements sur lesquels vous aimeriez connaître notre regard.
Nous pouvons aussi accueillir des textes, s’ils sont au format de la lettre.

Bonne entrée dans l’automne.

Michel Wilson

 

« Sors, la route t’attend. Mon village en Kabylie 1954/1962 » de Slimane Zeghidour (Editions Les Arènes 2017)

Ce livre est le fruit d’une longue gestation, de souvenirs personnels et partagés, de lectures et d’échanges, de retour sur les lieux, illustré de photos anciennes ou récentes. Slimane Zeghidour estime à 20 ans ce temps de maturation, ce qui donne tout le prix d’un tel récit où le charme et la douleur des souvenirs s’entremêle avec des précisions historiques, des notations anthropologiques, des réflexions philosophiques. Cette richesse est passionnante, et c’est un ouvrage qu’on a du mal à lâcher, une fois qu’on l’a commencé. Les livres et les récits sur les camps de regroupement sont rares, ce qui rend plus précieux encore le portrait de ce coin de petite Kabylie, secoué depuis des temps immémoriaux par une histoire le plus souvent tragique.
Le titre reprend les mots de la mère de Slimane quand elle l’éveillait pour qu’il se rende à « licoul », la salle de classe un peu rudimentaire où enseignaient soit des appelés, soit une institutrice, madame Cabanal, avec qui Slimane a correspondu, bien des années après. La mise en route, c’est un peu le moteur de ce récit de la vie d’un petit garçon devenu le seul héritier mâle, par la mort tragique de ses frères : la construction du barrage d’Erraguene, la création du camp de regroupement qui leur a fait abandonner leur petit village d’El Oueldja, ont été des commotions dans un mode de vie ancestral, qui les ont « mis en route », en particulier Slimane. Mais les commotions ont démarré bien plus tôt. Pour rester dans les deux derniers siècles, il y a eu l’expédition du Maréchal Randon en 1853, dont Horace Vernet a immortalisé la scène « Première messe en Kabylie ». L’auteur relate aussi le 8 mai 1945 et la période qui s’ensuivit, qui a valu aux paysans des Babors de perdre leur débouché vital vers Sétif, et pour beaucoup d’aller vendre leurs bras à Alger. Le petit Slimane va ensuite vivre en 1957 ce grand déplacement dans le camp de regroupement proche du chantier du barrage d’Erraguene qui sera ensuite déplacé plus en altitude après la mise en eau du barrage. Enfin les Babors seront un lieu de refuge du FIS pendant 7 années de la décennie noire, obligeant une fois encore le clan à s’exiler vers Jijel.
Ce livre est donc la saga d’une famille que l’histoire oblige à abandonner ses terres, mais aussi ses pratiques et ses rites ancestraux, et leur adaptation remarquable quoiqu’il en soit à de nouveaux lieux, de nouvelles relations sociales, de nouveaux modes de vie.
Cet ancrage dans un terroir et des paysages, dans des rituels et des pratiques sociales incontournables donnent lieu à des développements fouillés et écrits avec bonheur. Quelle description superbe par exemple du Tababort et du Babor ! « Ces deux sommets contigus, l’un arrondi, l’autre raide et anguleux, évoquent à mes yeux, une épouse posant la tête sur l’épaule de son époux ». Ces deux sommets peuplent les rêves de l’auteur bien des années après.
La vénération portée au saint local – Slimane parle une fois de « santon », en «provençalisant » le marabout Ali- a une place extraordinaire dans la vie quotidienne. Sa maman Meriem puise dans sa relation à ce saint la force de vivre le terrible malheur de perdre deux fils, et une petite fille, un rêve lui ayant révélé le présage de Sidi Ali ne lui laissant qu’un des deux bâtons qu’elle portait sur l’épaule. Slimane doit à ce rêve la responsabilité d’un chef de lignée, lourde, pour un petit garçon.
Quel amour pour ses parents quand il décrit leur conception du paradis ! « Juste un endroit tranquille, un hameau d’El Oueldja paisible, où il y aurait de l’eau à foison, un poteau électrique et pas une goutte de sang, où le pis de la vache serait abondant et le sol plus généreux en orge… Ma mère n’a jamais appelé autrement cet Eden du rendez-vous final que par l’expression Dar Ghedoua, la « maison de demain».
Les évocations du temps lointain de l’enfance sont fouillées, l’auteur a longuement fait resurgir des images enfouies, les a confrontées aux souvenir de ses parents, ce qui donne un récit riche en anecdotes vivantes, entrecoupée de notations anthropologiques. La vie de cette famille paysanne de petite Kabylie est abondamment décrite au travers des yeux d’un petit garçon ressuscité par l’adulte qu’il est devenu. Les drames petits ou grands jalonnent cette histoire, les deuils, les maladies, les dangers permanents de cette vie dans un pays rude et une époque qui l’est plus encore. L’écriture de Slimane est vivante et sensible, place l’auteur en personnage permanent du récit, observateur, auditeur ou acteur. Le lecteur ressent avec lui les sensations de froid, de peur, de douleur. De nombreux autres personnages peuplent sa narration, comme la jeune tante Yamna, blessée par une grenade et qui rapporte de l’hôpital une chanson sur son infirmière, le chiot Dian’s «comparse muet et frétillant » pendu un matin à un arbre pour appliquer les consignes de discrétion du FLN – le nidham-, le petit berger Amar grand frère de substitution, disparu jeune, jamais oublié, la petite sœur Houria et les « taï, taï, taï, quelle lançait à son grand frère dès qu’elle l’apercevait, morte de maladie et enterrée sous le chêne-liège près de son frère Khelifa, et madame Cabanal, seule européenne vraiment identifiée, l’institutrice dont il est un des favoris…
L’ensemble du récit recourt aux mots approximatifs mais poétiques, par lesquels les paysans s’approprient tant de nouveaux objets découverts avec ce déplacement forcé. L’auteur se régale d’illustrer son propos de ce sabir (de « saber », savoir en espagnol…), et nous donne en fin d’ouvrage un glossaire assez abondant de ce créole artisanal.
Il y a aussi dans ce livre des notations philosophiques pénétrantes qui imprègnent durablement l’esprit du lecteur. Un exemple : « la vision de vaincu, qui ne voit dans notre infortune du moment- la désolation, l’exode, le dénuement, la sordidité- qu’une épreuve passagère, condition sine qua non à notre inexorable retour en grâce… Les ethnographes n’y ont vu que du feu, en le qualifiant de fatalisme arabe, sinon de fatalisme islamique ».
On reste secoués après la lecture de la description de la mort du minotier, piégé par des harkis comme contributeur au FLN et grenadé dans sa mechta, avec sa vache et son veau…
Le livre s’achève avec le retour de l’auteur sur les lieux, en 2013, depuis Jijel, avec cousins et taxi curieux de découvrir ces lieux où on ne se rend plus depuis la période où ils sont devenus « zone interdite ». Son oncle Larbi y a été massacré, et ses tueurs vivent paisiblement dans les parages… Il ne reste que peu de traces de la présence de leur famille en ces lieux occupés par tant de générations. Le barrage ne leur a apporté ni route, ni électricité… Seul reste un paysage toujours majestueux où l’auteur s’aventure avec prudence. Les lieux peuvent mourir, comme les hommes, et cette dernière visite du berceau familial met un point final à un enracinement dans un terroir dont l’histoire, à coups redoublés, a chassé sa famille.
Slimane Zeghidour nous a invités dans son album de famille, et plus intimement encore dans son univers mémoriel personnel. C’est une grande générosité, et son écriture sait superbement nous faire partager ses émotions. Je lui en suis personnellement reconnaissant.

Michel Wilson

 

« La maison andalouse » de Waciny Laredj (Editions Sindbad Actes Sud, traduit de l’arabe par Marcel Bois, 2017)

Waciny Laredj fait partie des auteurs arabophones qui ont réussi à se faire connaître aussi des lecteurs francophones, sans doute grâce à l’excellence des traductions, et parce que les thèmes qu’ils abordent sont appréciés en francophonie. Il est vrai qu’il faut parfois faire preuve de patience : La Maison andalouse a été publiée dès 2010 sous le tire Al-Bayt al-andalusî à Beyrouth et Bagdad !

Cependant Waciny Laredj est connu de longue date en France où il vit actuellement et en Algérie, d’où il est originaire, par exemple pour Le livre de l’Emir (2006) qui a obtenu plusieurs prix, ou encore pour Gardienne des ombres : Don Quichotte à Alger (1996), qui n’est pas sans rapport avec La Maison andalouse où des épisodes très intéressants mettent au premier plan le personnage de Cervantès.

La Maison andalouse n’est pas à proprement parler un roman historique mais on y retrouve beaucoup d’événements et de personnages parfois très connus, grâce auxquels l’auteur évoque cinq siècles d’histoire occidentale et méditerranéenne, remontant jusqu’à l’expulsion des Morisques hors d’Espagne par les rois catholiques à l’époque de la Reconquista et des hauts faits de l’Inquisition. Waciny Laredj reprend une chronologie bien établie qui veut que cette expulsion ait eu lieu entre 1509 et 1514 et comme il sied dans un roman il choisit un personnage particulier qui en est victime, l’évoquant sous son double nom, espagnol : Galileo el Rojo, et arabe : Ahmed Ben Khalil. Le souvenir de ce personnage se poursuit pendant toute la durée du roman et jusque dans l’Algérie devenue indépendante. Le héros du livre devient alors un certain Mourad Basta qui vit à Alger dans les dernières décennies du 20e siècle, et ne se sent pas moins très proche de son ancêtre morisque dont il s’attache à défendre l’héritage.
Cette entreprise s’avère particulièrement difficile et c’est elle qui constitue à la fois la trame événementielle du roman et son fil conducteur. Concrètement, Mourad Basta, à la suite de toute une série de personnages qui se sont succédés pendant plus de cinq siècles, s’attache à un double et périlleux sauvetage. D’une part il s’agit de la « maison andalouse » comme l’indique le titre du roman, et d’autre part d’un certain manuscrit dans lequel l’ancêtre morisque racontait toute l’histoire de l’expulsion qu’il avait vécue lui-même au plus près.
La maison andalouse d’Alger est en fait une copie de celle que l’ancêtre avait fait construire à Grenade pour sa bien aimée Soltana. Maison très convoitée au fil des siècles et finalement très menacée jusqu’à sa complète destruction, peu avant la mort de Mourad Basta. Parmi les menaces qui ont pesé sur la maison, certaines ont été accidentelles mais beaucoup d’autres dues à la malveillance et à la cupidité. L’acharnement de Mourad Basta à sauver son bien le plus cher se heurte à des formes brutales de pouvoir, celle de parvenus (particulièrement ignares) enrichis par des trafics frauduleux et celles de coteries qui au plus haut niveau de l’Etat imposent des programmes immobiliers (ici la construction d’une tour gigantesque) dont ils tirent de monstrueux profits. La façon dont la maison andalouse est malmenée par ces puissances nuisibles amène finalement le lecteur à comprendre que cette « maison » est en grande partie symbolique et représente l’Algérie toute entière dont l’héritage historique est à la fois ignoré, occulté et détruit. Elle a eu beaucoup de mal à traverser les siècles et les agressions qui se sont succédées, mais il faut arriver jusqu’à la fin du 20e siècle pour que les malfrats et leurs malfaisances de toute sorte en viennent à bout (on sait que la Casbah a moins souffert pendant toute l’occupation française que depuis l’indépendance du pays).
L’autre préservation qui a été un souci séculaire pour les descendants de l’ancêtre morisque, et tout spécialement pour Mourad Basta, est celle du très précieux manuscrit qui par deux fois au moins a bien failli brûler et qu’on a tenté de dérober bien plus souvent encore. On dira que de nos jours, depuis le célèbre Nom de la Rose d’Umberto Eco (1980) et le film qui en a été tiré par Jean-Jacques Annaud, la présence dans une fiction d’un manuscrit mystérieux et caché est un atout considérable pour susciter l’intérêt du public. Le manuscrit dont il est question dans La Maison andalouse porte témoignage sur les origines de toute une population qui a fait souche au Maghreb, apportant avec elle ce qui constituait à l’époque d’Al Andalous (Espagne musulmane) une culture brillante et plus largement une civilisation qui a été florissante pendant plusieurs siècles, jusqu’à la chute de Grenade en 1492. Cette civilisation était musulmane, elle est restée longtemps vivace chez ceux qu’on a appelés les Morisques lorsqu’ils ont dû se convertir au christianisme pour échapper à l’Inquisition.
Un des grands intérêts du roman de Waciny Laredj est qu’il se refuse à distinguer les Morisques d’un autre groupe, sans doute moins important quantitativement, de gens obligés eux aussi à se convertir au christianisme, alors qu’ils étaient juifs, et qu’on a appelés les Marranes après leur conversion. Le terme, d’origine incertaine mais certainement péjoratif, désigne les Juifs sépharades de la Péninsule ibérique à l’époque qui a suivi leur conversion. Waciny Laredj l’emploie un certain nombre de fois et notamment pour désigner Soltana, le grand amour de Galileo/Ben Khalil (compte tenu des changements obligés pour passer de l‘espagnol à l’arabe, il s’agirait du même mot).
Cependant on a l’impression que dans tout le livre, son auteur ne veut pas désigner les descendants et héritiers de ce couple fondateur par un terme qui les définirait en fonction de leur religion. D’ailleurs dès les premières pages du livre, il met dans la bouche de son héros Mourad Basta une véritable profession de foi—sauf que ce serait plutôt l’inverse, c’est-à-dire un refus de revendiquer l’appartenance à une seule religion. Le vieil homme qui approche de sa fin demande à être enterré dans un cimetière unique en son genre où « les religions passent au second plan : il accueille le chrétien, le juif, le musulman, le bouddhiste, et même l’athée (…) Mon aïeul était-il chrétien ou musulman ? Soltana était-elle juive ou musulmane, ou bien ni l’une ni l’autre ? (…) Jusqu’à ce jour je l’ignore et je n’ai demandé à personne de m’éclairer sur ce point. »
Il est certain que cet état d’esprit, d’une totale tolérance, est en rupture avec celui de son environnement. Et c’est justement ce qu’il s’agit de faire disparaître, en faisant disparaître et la maison et le manuscrit qui en sont des témoignages, fragiles hélas mais pourtant redoutés.

Denise Brahimi

« Nos années rouges » d’Anne-Sophie Stefanini (Gallimard, 2017)

Le titre de ce roman, car c’en est un, fait référence à celui d’un essai encore récent puisque de 2009, celui de Catherine Simon intitulé Algérie, « Les années Pieds rouges » (Editions La Découverte). Cette journaliste bonne connaisseuse de l’Algérie donnait une galerie importante de portraits plus ou moins rapides ou développés dont on comprend très bien que certains aient pu suggérer l’idée d’un roman, comme le dit Anne-Sophie Stefanini dans un entretien où elle évoque l’origine de son livre ; et elle souligne d’ailleurs ce rapport, ou ce raccord, par le titre qu’elle choisit de lui donner.
Pourtant, il faut bien se garder de considérer Nos années rouges comme un témoignage de la romancière sur des événements et des situations qu’elle aurait vécus elle-même ; et l’on ne peut pas même imaginer que Catherine, l’héroïne et narratrice de son livre, puisse lui être inspirée par sa propre mère. L’écart temporel est trop grand pour cela. En effet Anne-Sophie Stefanini est née en 1982, alors qu’elle indique pour la naissance de Catherine la date de 1938. Elles sont donc séparées par quarante-quatre ans, ce qui est plus proche de deux générations que d’une, et pour ce qui est du rapport à l’histoire, inutile d’insister sur le fait, évident, que la romancière n’a pu connaître ni la guerre de l’Algérie ni les première années de l’indépendance qui s’en est suivie, puisqu’elle est née vingt ans après cet événement qui est au point de départ de son livre.
C’est donc d’Histoire certes mais d’une Histoire entièrement reconstituée qu’il s’agit dans Nos années rouges. Cette histoire commence à peu près en 1934, date à laquelle se rencontrent les parents de Catherine et l’on sait qu’en matière d’histoire politique, cette date de 1934 est importante, parce qu’elle a vu une opposition politique violente entre l’extrême droite et l’extrême gauche particulièrement lorsqu’au mois de février, une manifestation menée à Paris par des groupes de droite causa des dizaines de morts et de nombreux blessés. Catherine est née quatre ans plus tard d’un père communiste et d’une mère anarchiste et c’est principalement le premier qui l’a élevée en essayant de lui inculquer en toute rigueur la mentalité d’une bonne militante selon ses propres critères et ceux du Parti.
1934 est présent encore autrement dans l’histoire du livre d’Anne-Sophie Stefanini , car c’est l’année ou Aragon publia chez Denoël Les Cloches de Bâle, roman consacré à une analyse de la société française dans le style réaliste, mais débouchant aussi sur la magnifique utopie incarnée par la socialiste allemande Clara Zetkin, présente au Congrès pour la paix qui s’est tenu à Bâle en 1912. Or Clara Zetkin est un des modèles que se donne Catherine dans Nos années rouges, ayant été nourrie des livres d’Aragon par son communiste de père.
Cependant la militante Clara Zetkin n’est pas la seule à inspirer Catherine dans ses engagements et pour ce qui est de l’Algérie, une autre femme fait l’objet de son admiration voire d’un véritable culte : il s’agit d’Isabelle Eberhardt, qui, elle, est tout sauf une militante mais pour laquelle Catherine a d’autres raisons de s’enthousiasmer.
La référence à Isabelle Eberhardt implique une remontée un peu plus haut dans le passé puisqu’elle est morte en 1904 à Aïn Sefra (sud-ouest de l’Algérie) dans la crue d’un oued qui l’emporta avec sa maison. Elle n’avait encore que 27ans, ce qui laisse d’elle l’image d’une jeune femme d’autant moins située dans le temps qu’elle est une sorte d’incarnation de la passion, amour déchirant pour une morte qui fut sa mère, amour brûlant pour un homme, le spahi algérien qui fut son ami et son amant, amour enfin pour un pays, le désert du sud algérien et pour une spiritualité, l’islam soufi, qu’elle avait appris dans une des plus anciennes confréries musulmanes, el Kadria.
Dans « Nos années rouges », l’attachement de Catherine pour Isabelle Eberhardt relève d’une forme de romantisme que sans doute elle n’analyse pas vraiment et qui est l’autre nom du fait qu’elle ne s’imagine pas vivant ailleurs qu’en Algérie. C’est pourtant le nom de ce qui inévitablement lui arrivera et qu’on sait déjà lorsque le livre commence puisqu’il est construit sur un retour en arrière, dans lequel on voit la vie de la jeune femme pendant les trois ans qui séparent l’indépendance de l’Algérie (juillet 1962) du coup d’état de Houari Boumediène renversant Ben Bella (juin 1965). Peu après cette date, elle est accusée de subversion politique, arrêtée par la Sécurité militaire et malgré sa volonté affirmée de rester en Algérie, elle est expulsée du territoire, après avoir cru qu’elle ne quitterait jamais Alger. A dire vrai, elle n’a pas commis elle-même d’actions illégales mais elle a fréquenté des gens plus extrémistes qu’elle qui au nom de la Révolution était prêts à le faire. Et c’est ainsi qu’elle se trouve englobée dans la sérieuse remise en ordre opérée par le nouveau Président, après la période de Ben Bella où comme on sait, Alger passait pour « La Mecque des révolutionnaires » (on a pu voir récemment en 2017, sur la chaîne de TV Arte, un documentaire de ce titre et portant sur ce thème).
Le livre d’Anne-Sophie Stefanini donne l’impression que Catherine était certainement beaucoup moins militante au sens strict et rigoureux du terme que ne l’était son père et les amis de son père (dont un Algérien très proche de lui, Bachir, prénom sans doute choisi en hommage à Bachir Hadj Ali, ce militant communiste qui fut arrêté par la sécurité militaire et torturé après le coup d’état de Boumediène). A cet égard on peut lire dans le roman la volonté de faire un portrait générationnel ; il est certainement lié au fait que les militants communistes comme le père de Catherine sont devenus une rareté, pour ne pas parler d’une espèce en voie de disparition. En fait il semble qu’Anne-Sophie Stefanini ait voulu parler d’utopie plus que de doctrine révolutionnaire, ce qu’elle décrit dans son livre pourrait porter le beau nom d’illusion lyrique trouvé par Malraux dans « L’espoir ».

Denise Brahimi

 

« L’Algérie et la France, deux siècles d’histoire croisée »  de Gilbert Meynier. Essai de synthèse historique (L’Harmattan, 2017 collection Bibliothèque de l’iReMMO, n° 28).

L’historien Gilbert Meynier vient de publier ce nouveau livre. Paru le 4 septembre 2017, et à la différence des précédents travaux de l’historien spécialiste de l’histoire algéro-française qui nous a habitués à des ouvrages de plusieurs centaines de pages, ce livre est plus modeste en volume (103 pages) mais riche en enseignements. Ce choix est justifié par le souci de rendre accessible à un large public les avancées de l’historiographie sur la question et les questionnements conflictuels sur ce passé commun. Il vient ainsi enrichir le fonds documentaire existant sur l’histoire d’une longévité exceptionnelle entre la France et l’Algérie, même si elle est subie d’un côté et imposée de l’autre, mais mal assumée et enseignée de part et d’autre, et qui continue de marquer encore aujourd’hui les relations entre les deux sociétés.
Le livre comprend quatre parties : la première est consacrée à la tradition historiographique française coloniale dans laquelle, en spécialiste patenté, il rappelle d’abord qu’il s’agit d’une colonisation de peuplement européen (un quart de la population algérienne à la fin du XIXe siècle), à la différence de ce qui s’y passa sous la régence d’Alger. Il souligne ensuite le caractère institutionnel de la colonisation dans la tradition jacobine française en dotant cette possession de trois départements et nombre d’arrondissements et de communes… et relève enfin que ce quadrillage administratif est conçu sur la domination et la discrimination, comme en témoignent le code de l’indigénat et le système fiscal « impôts arabes ».
Le système colonial entre politique et le primat des armes est le titre de la deuxième partie. On peut lire que militaires et colons civils collaborent, avec des différences, certes, mais pour s’assurer le contrôle des populations « indigènes ». L’historien tord le coup à l’idée « des occasions manquées » depuis 1830, suggérée par certains auteurs et qu’il qualifia de mythe, car pour que l’on soit fondé à parler « d’occasions manquées », encore faut-il que l’on soit sûr qu’il y ait eu des « occasions tentées ». Pour étayer l’argument, il passe en revue, notamment le sénatus-consulte de 1865 sur la nationalité des « indigènes » qui conditionne son octroi au renoncement de ces derniers au statut de droit musulman, la loi Jonnart du 4 février 1918 octroyant la citoyenneté française à une minorité de Musulmans, le projet dit « Blum-Violette », en 1936, n’en a pas accordé davantage ; et il n’a même jamais été discuté au Parlement »
La troisième partie traite de l’évolution historique de l’Algérie qui ne se limite ni à la colonisation ni à la guerre d’indépendance : elle renvoie à l’histoire de la Méditerranée au temps long telle que conçue par Fernand Braudel pour comprendre le présent et le passé proche. Un phénomène social et politique n’est d’ailleurs jamais mieux connu que s’il est saisi par l’histoire, l’histoire lointaine. L’auteur insiste sur ce point parce qu’il considère que « l’entité spatialo-humaine qui deviendra l’Algérie n’a pas commencé en 1962 non plus en 1830 et pas davantage en 1518 », elle est marquée par un enracinement de longue durée revoyant aux dynasties islamo-berbères des Almoravides, Almohades, Zyanides, Rostomides, Hammadides… du XIe au XVIe siècle, voire aux royaumes numides de l’antiquité.
Enfin, l’auteur examine – et c’est la quatrième partie – les réactions des Algériens contre l’ordre colonial, une approche dialectique, qui montre d’abord que le poids du passé colonial est bien plus douloureux en Algérie qu’au Maroc et en Tunisie. La réaction à la colonisation est si forte qu’elle a donné naissance à une identité à source unique, à une crispation autour d’une « identité de refuge », l’islam. Ce dernier, amalgamé à l’arabité, constitue officiellement l’apha et l’oméga de l’identité des Algériens.
L’auteur renouvelle son vœu de voir, enfin, la réalisation d’un manuel d’histoire franco-algérien écrit à plusieurs mains par des historiens algériens et français.
Un livre qui se lit volontiers d’une traite.

Tahar Khalfoune

 

« Les derniers jours d’une ville », film égyptien de Tamer El Saïd, 2016

On a eu la chance de voir à Lyon, grâce aux cinémas Lumière, un film très remarquable et qui de plus, en France du moins, constitue une magnifique surprise, car il semble que peu de gens en avaient entendu parler avant sa sortie dans notre pays. Mais ce n’est peut-être pas le cas en Allemagne car le film est une co-production à laquelle a participé l’Allemagne où il a d’ailleurs reçu un prix à la Berlinale 2016 – sans parler du fait qu’il a été soutenu par plusieurs autres pays, le cinéaste ayant réussi à imposer le sentiment que son travail est d’une qualité exceptionnelle.
Le moment de l’action est l’année 2009- 2010, lorsque la ville du Caire se soulève contre celui qui est encore son Président, Hosni Moubarak, jusqu’aux premiers jours de l’année 2011 : s’il est question dans le titre du film des « derniers jours », cela pourrait être entre autres ceux du pouvoir que l’Egyptien est en train de perdre (après l’avoir exercé plus de trente ans), à la suite d’autres chefs arabes, dans la prodigieuse série de qu’on appelle maintenant historiquement les printemps arabes. On dit que l’essentiel du film a été tourné avant la chute de Moubarak mais monté plus tard à partir d’une quantité considérable de rushes et non sans difficultés, dont le film d’ailleurs fait lui-même état.
En effet son personnage principal, Khalid, est un cinéaste de trente-cinq ans en lequel le réalisateur s’est sans doute projeté, et qui en tout cas nous est montré comme un personnage très attachant. Attachant parce que ou malgré le fait qu’il semble réduit à l’impuissance et se caractérise bien davantage par ce qu’il ne fait pas que par ce qu’il fait. Le film auquel il travaille, et qu’il veut consacrer à montrer Le Caire et ses habitants, semble si l’on peut dire familièrement en panne et même depuis déjà longtemps, si l’on en juge par l’exaspération grandissante du collaborateur de Khalid, qui de temps en temps visionne des rushes avec lui.
Cependant cet état pour le moins dépressif de Khalid ne se manifeste pas seulement dans le domaine de sa profession, et l’on comprend, même si l’on ignore beaucoup de détail qu’il a échoué aussi ou surtout dans sa relation amoureuse avec une jeune femme, Laïla, dont on voit pourtant qu’elle lui reste très attachée jusqu’au moment où à la fin du film elle quitte Le Caire, ayant sans doute perdu tout espoir de renouer avec Khalid en dépit de ses efforts.
Partir ou rester c’est d’ailleurs une des questions que pose le film, même si pour Khalid (en tout cas pendant la durée du film) un départ n’est pas envisageable car il a la charge de sa vieille mère qu’il va voir régulièrement à l’hôpital où se prolongent pour elle aussi, sinon ses derniers jours, du moins ses derniers moments. Khalid ne peut pas partir de toute façon aussi longtemps qu’il travaille à son film entièrement consacré à la ville du Caire, pour laquelle il est évident qu’il éprouve une fascination—à sa manière très intériorisée car on le croirait presque mutique, comme s’il avait perdu, entre autres facultés, le goût de s’exprimer verbalement.
Il y a cependant un très beau moment dans le film, pendant lequel il retrouve le bonheur de communiquer. C’est lorsqu’il reçoit la visite de trois de ses amis en provenance d’autres pays arabes, un Irakien qui vit à Bagdad, un autre qui a quitté sa ville pour Berlin, et un Libanais de Beyrouth. Il semble que tous appartiennent au monde du cinéma et comprennent le projet de Khalid, continuant à le soutenir à distance même lorsqu’ils ne sont plus là. Les discussions entre eux vont bon train et l’on comprend que le réalisateur Tamer el Saïd a voulu montrer à travers eux quelques exemples de jeunes intellectuels arabes, confrontés à différents types de crises qui rendent leurs pays difficilement vivables : l’un des débats concerne les deux Irakiens, dont l’un a décidé de partir et l’autre pas (au péril de sa vie, comme le prouve la suite des événements). Ces jeunes hommes sont magnifiques d’intelligence et de vitalité alors même que de toute évidence ils vivent dans des situations qui briment voire annihilent leurs possibilités d’action. Il faudrait être complétement insensible pour ne pas voir à quel point ils en souffrent et le témoignage apporté là-dessus par ce film égyptien rejoint ceux qu’on a pu trouver récemment dans des films (documentaires ou de fiction) et des romans maghrébins, algériens surtout.
La crise de ces jeunes intellectuels arabes se dit parfois sur un mode proche de ce qu’a été le romantisme européen (l’humour en plus car ils n’en manquent pas !), auquel s’ajoute, de manière formelle mais pas seulement, l’influence de la Nouvelle vague qui a profondément modifié le cinéma européen dans la deuxième moitié du 20e siècle. Cependant en Europe, l’évolution en cours était principalement sociétale et concernait les mœurs, il en va tout autrement à l’époque des printemps arabes sur laquelle Les derniers jours d’une ville porte un excellent témoignage—excellent parce qu’attaché à l’analyse des mentalités et pas seulement au récit des événements.
Tamer El Saïd s’emploie à montrer qu’une recherche est en cours, qui de toute évidence ne peut aboutir de manière rapide, d’autant que son objet n’est pas clairement défini et ne peut l’être davantage. Elle est symbolisée dans le film par le fait que Khalid est continûment à la recherche d’un appartement, et qu’aucune des propositions faites par un brave agent immobilier n’est susceptible de lui convenir. Le pauvre homme en arrive à baisser les bras et à s’avouer incapable de satisfaire son prétendu client. C’est l’occasion de montrer dans le film la grande diversité des appartements dans la ville du Caire et leur aspect parfois saugrenu. Le sentiment dominant est qu’une grande mutation est en cours et qu’il est impossible de se localiser ou de se stabiliser en pareil cas. De manière en partie allusive, mais donnant pourtant lieu à des images saisissantes, le film évoque la destruction de la ville d’Alexandrie, comme s’il y avait là un avertissement terrible de ce qui menace aussi la ville du Caire. Les derniers jours d’une ville, nous dit le titre du film et il y en a plusieurs dans le monde arabe dont la destruction est avancée. La question serait plus tôt : y a-t-il quelque chose qu’on puisse encore sauver ? Le Caire est le symbole angoissant de ce qui suscite cette interrogation.

Denise Brahimi

Retour sur « Le gone du Chaâba », film de Christophe Ruggia (1997) d’après le roman d’Azouz Begag (1986)

Pourquoi reparler du « gone du Chaâba » à Lyon en cet été 2017 ? C’est que s’agissant du film, on a eu l’occasion de le revoir, pour une seule séance, le 1er juillet. L’événement avait été annoncé comme d’importance puisque l’occasion en était la présence à Lyon de l’acteur principal Fellag, invité d’honneur des Nuits de Fourvière, mais on avait annoncé aussi la participation à cette même séance d’Azouz Begag, auteur du livre dont le film est tiré et celle du réalisateur Christophe Ruggia. Tout cela aurait pu être fort intéressant … si ce n’est qu’aucune des trois personnalités annoncées n’était finalement présente !
Mais ceci est une autre histoire et il valait de toute manière la peine de revoir ce film, que beaucoup de personnes dans le public voyaient d’ailleurs pour la première fois. Il n’est pas inutile de donner quelques dates pour faire le point et montrer qu’en effet quelques décennies nous en séparent.

Du roman tout à fait autobiographique d’Azouz Begag, né à Lyon en 1957, le film a repris principalement un moment, situé entre 1965 et 1967, alors que le jeune garçon, Azouz devenu Omar dans le film, est âgé de 9 ans. Azouz Begag a publié son livre en 1986 et le film de Christophe Ruggia, sorti en 1997 a donc été tourné une bonne dizaine d’années plus tard. De cette chronologie il ressort que le film ne pouvait être qu’une reconstitution d’une époque révolue, et elle l’est encore bien plus pour nous qui revoyons le film vingt ans après, en 2017. On peut s’en tenir à deux ensembles de conséquences, concernant à la fois le film lui-même et notre regard sur lui.
L’action du film se passe entièrement dans un bidonville, dont on ne précise pas l’emplacement géographique, tout ce qu’on peut en dire est qu’il est manifestement beaucoup plus petit que celui de Nanterre, presque familial et regroupant une vingtaine de familles venues d’un même lieu en Algérie. Tant bien que mal et évidemment plus mal que bien, c’est effectivement une sorte de village traditionnel qui tend à se reconstituer, sous la tutelle de celui qui pourrait en être le chef et qui n’est autre que Bouzid, le père d’Omar. Nombre de détails restituent la réalité misérable de ce lieu où l’on patauge continuellement dans la boue, où les maisons sont des cabanes au toit de tôle ondulée dans lesquelles les familles s’entassent dans une totale promiscuité. Cependant le film est loin d’être seulement réaliste et le choix de Fellag comme acteur principal (au même titre que l’enfant du rôle-titre) en est un indice certain. On sait qu’entre autres titres de gloire, Fellag est l’inventeur d’un langage qui est une véritable création artistique, supposé être la langue parlée par les Algériens exilés en France et totalement illettrés aussi bien en arabe qu’en français. Langue extrêmement pittoresque et drôle dont Fellag s’arrange pour qu’elle soit compréhensible, bien qu’il s’agisse d’une sorte de sabir dont les effets comiques sont aussi volontaires que ceux de la pseudo-langue turque parlée dans Le Bourgeois gentilhomme de Molière. Autre création d’artiste par un des acteurs du film, ici François Morel qui joue le rôle de l’instituteur avec beaucoup d’originalité, comme une sorte de caricature désopilante dont il est spécialiste (on sait qu’il fut l’un des piliers de la série télévisée Les Deschiens). Pour ce qui est du jeune garçon qui incarne Azouz-Omar, on est d’abord étonné qu’il semble avoir cinq ans plutôt que neuf, et qu’il soit à ce point un petit mignon tout gracieux alors que les circonstances font qu’on ne s’y attend pas. Mais on se dit que le réalisateur a certainement voulu la légère idéalisation que son choix produit et qui lui permet d’éviter tout misérabilisme violent, prouvant par là que tel n’était pas le ton qu’il souhaitait.
Il y a un premier dénouement du film auquel on assiste en tant que spectateur, c’est la fin et la destruction du bidonville, dont les habitants sont relogés dans des immeubles immenses de type HLM qu’on a construits pour eux dans les banlieues, offrant une hygiène dont Omar s’émerveille, eau courante, WC à chasse d’eau dans l’appartement et autres formes de confort inimaginables pour lui.
L’autre dénouement est connu par le livre et par l’histoire authentique d’Azouz Begag son auteur, c’est une promotion sociale sidérante qui l’a conduit jusqu’à occuper un poste de ministre, et qui n’est due qu’à ses succès scolaires, conformément à la volonté de Bouzid son père (s’exprimant par la bouche et avec le langage de Fellag). Cependant apparaît ici une ambiguïté, qui chagrine beaucoup le jeune Omar et lui fait presque regretter ses succès. Azouz Begag s’est expliqué là-dessus en ces termes : « C’est l’histoire d’un enfant qui sort du bidonville et qui réussit à l’école, donc dans la société. Seulement, dans ce bidonville, sur les quarante enfants il n’y en a qu’un qui s’en sort et c’est moi. Et ça c’est difficile à vivre. Les trente-neuf autres restent derrière toi et tu te dis : pourquoi moi ? Tu vis mal ton succès, ta réussite ! Les trente-neuf autres se disent d’ailleurs la même chose : pourquoi lui ? »
Ce tiraillement, voire ce déchirement, a été confirmé à date récente par un autre témoignage, celui de Magyd Cherfi dont le livre Ma part de Gaulois est paru en 2016. Lui aussi estime qu’il doit tout à sa réussite scolaire mais il explique dans son livre à quel point elle lui a valu la jalousie, le mépris, voire l’ostracisme de ses compagnons : « Pour mes potes, conjuguer correctement ses verbes, c’est devenir blanc, devenir Français, devenir l’ennemi (…) Lire, c’est trahir, parce que eux n’ont pas les codes. »
A cet égard, il semblerait donc que la situation se soit beaucoup durcie et ce n’est pas seulement sur ce point qu’on peut le constater. On pourrait objecter que cinq ans seulement séparent les deux hommes puisque Azouz Begag est né en 1957 et Magyd Cherfi en 1962. Pourtant on a l’impression à les lire qu’une génération au moins sépare les enfants d’immigrés dont ils nous parlent dans leurs livres. Ceux-ci en effet sont des œuvres littéraires et non des documents historiques. Azouz Begag a voulu accentuer le fait que le sien répondait à une volonté de retour sur le passé, Magyd Cherfi en revanche, a été marqué par une évolution plus ou moins récente qui transparaît dans son récit.

Denise Brahimi

 

  • 9 octobre 2017 : Conférence Alessandro Bresolin « Albert Camus: l’union des différences ». Maison de l’Europe 242 rue Duguesclin 69003 Lyon
  • 10 octobre : Film « Abdelkader, le prisonnier tant aimé » en présence du réalisateur Adyl Abdelhafidi, au cinéma Le Rio de Clermont Ferrand
  • 10 octobre : Film « Islam pour mémoire » en présence de la réalisatrice Bénédicte Pagnot au cinéma le Mourguet de Sainte Foy les Lyon
  • 14 octobre : Colloque « Lutter contre l’islamophobie: un enjeu d’égalité? » Université Lyon 2
  • 19 octobre : Conférence de Faouzia Charfi « Les femmes dans l’Islam » Médiathèque de Valence
  • 20 octobre : Rencontre signature de Faouzia Charfi à la Librairie Arthaud de Grenoble
  • 21 octobre : Colloque « Islam et féminisme » CCRA de Villeurbanne

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