Une BD pour ne pas perdre la mémoire – Interview de Kamel MOUELLEF

En septembre est  sortie en librairie une bande dessinée intitulée « TURCOS Le jasmin et la boue » qui évoque l’histoire d’un tirailleur algérien. A cette occasion Kamel MOUELLEF, son arrière petit fils, à l’origine de cette BD, a répondu aux questions du Groupe socialiste de la Région Rhône-Alpes. Voici cette interview à travers laquelle Kamel Mouellef revient sur la naissance de ce projet et son désir de transmission à la jeune génération :

Comment avez-vous découvert l’histoire de votre arrière-grand-père ?

J’ai découvert l’histoire de mon arrière-grand-père par un rêve en mars 1983, celui-ci me demandait de retrouver sa sépulture et de lui faire une prière pour qu’il puisse définitivement quitter ce monde en paix. J’en ai parlé avec ma mère qui n’avait pas plus d’information que moi. Puis, lors d’un séjour professionnel en Algérie, je me suis rendu dans le village de mes grands parents qui avaient conservé les carnets militaires de mon arrière grand-père. Mais ils étaient inexploitables en raison de leur ancienneté. Heureusement, et à ma grande surprise, ma grand-mère avait conservé deux photos dont une de mon arrière-grand-père et là quel choc pour moi car c’était exactement le visage que j‘avais vu dans mon rêve. Je savais que je ne pourrais pas en rester là.

Quel a été le déclic pour l’écriture de votre BD ?

 Le déclic est venu de très nombreuses années après lorsqu’en 2008 la Marseillaise a été sifflée lors du match de football France-Tunisie au Stade de France. Cela m’a profondément choqué et je me suis dit que je devais absolument faire quelque chose. Je me trouvais dans un bar, deux couples évoquaient ce sujet et ne comprenaient pas pourquoi ces jeunes sifflaient leur propre hymne. Ma réaction a été en deux temps. J’ai tout d’abord décidé d’appeler le journal le Progrès afin de pouvoir exprimer mon point de vue. Puis, très vite, l’écriture d’une bande dessinée s’est imposée à moi. En effet, une BD avec son aspect ludique, accessible à tous les publics, permet, en mariant avec subtilité le texte et l’image, de faire passer son message.

Quels sont les objectifs que vous avez en écrivant cette BD ?

Avec cette BD dédiée aux soldats africains morts pour la France aux combats, l’objectif est la reconnaissance de nos aïeux, c’est un devoir de mémoire nécessaire. Informer et relater ces faits historiques dans les manuels scolaires doit être la prochaine étape. C’est un travail d’éducation pour les générations futures qui doit être fait afin de favoriser la cohésion sociale de tous les Français et ce quelle que soit leur origine. Les jeunes, qui à la lecture de cette BD apprendront l’implication de leurs ancêtres pour ce drapeau qu’ils ont défendu et respecté, changeront leur regard sur la France. Modestement, j’espère contribuer à la transmission de la mémoire pour que la jeune génération s’approprie son histoire.


Préface de l’écrivain Yasmina Khadra – Auteur : Tarek – Illustrateur : Batist Payen

Editions tarTaMuDo et Déni de mémoire