Lettre culturelle franco-maghrébine # 43 bis
ÉDITO
Coup de soleil Aura a envie de communiquer une nouvelle fois avec ses abonnés et adhérents,
sous une forme en partie poétique. En effet nous aimerions vous faire sans plus attendre
partager le plaisir des réponses que nous avons reçues aux deux appels lancés dans la Lettre
43 bis, pour nos nouvelles rubriques, « Votre choix » et « Publications ». Je vous ré-envoie les
appels eux-mêmes, toujours valables, et ces quelques réponses (qui seront suivies d’autres,
nous l’espérons !)
A quoi s’ajoutera un autre appel, dit « appel à cotisations 2020 ».
En attendant la prochaine Lettre 44 du 1 er juin !
1er appel (pour la rubrique « votre choix »
Vous le connaissez déjà, c’est l’appel à l’envoi de courts textes (une page environ) en lien avec
le Maghreb, dans des genres variés et pour la seule et simple raison que vous les avez trouvés
beaux et intéressants. Merci de les envoyer en « word » pour qu’ils soient publiables en l’état.
Vous avez l’exemple de tels textes dans ceux que nous publions ci-dessous.
2ème appel (pour la rubrique « quelques publications ».
Il s’agirait de nous faire parvenir les données bibliographiques (titre, éditeur, année) de
publications en lien avec le Maghreb, parues pendant les deux dernières années, sans
commentaire à moins que vous ne souhaitiez y ajouter quelque précision. Il ne s’agit pas des
publications les plus connues mais plutôt de celles qui auraient pu échapper à certains d’entre
nous
Bonne lecture.
Denise Brahimi et Michel Wilson
EN VAIN J’ÉMIGRE PAR ABDELLATIF LAÂBI
J’émigre en vain
Dans chaque ville je bois le même café
et me résigne au visage fermé du serveur
Les rires de mes voisins de table
taraudent la musique du soir
Une femme passe pour la dernière fois
En vain j’émigre
et m’assure de mon éloignement
Dans chaque ciel je retrouve un croissant de lune
et le silence têtu des étoiles
Je parle en dormant
un mélange de langues
et de cris d’animaux
La chambre où je me réveille
est celle où je suis né
J’émigre en vain
Le secret des oiseaux m’échappe
comme celui de cet aimant
qui affole à chaque étape
ma valise
(Texte choisi par Touriya Fili)
LA TRACE DU PAPILLON PAR MAHMOUD DARWICH, ACTES SUD 2009, TRADUCTION D’ELIAS SANBAR.
Si nous le voulons
Nous serons un peuple, si nous le voulons, lorsque nous saurons que nous ne sommes pas des
anges et que le mal n’est pas l’apanage des autres.
Nous serons un peuple lorsque nous ne
dirons pas une prière d’action de grâces à la patrie sacrée chaque fois que le pauvre aura
trouvé de quoi dîner.
Nous serons un peuple lorsque nous insulterons le sultan et le
chambellan du sultan sans être jugés.
Nous serons un peuple lorsque le poète pourra faire
une description érotique du ventre de la danseuse.
Nous serons un peuple lorsque nous
oublierons ce que nous dit la tribu…, que l’individu s’attachera aux petits détails.
Nous
serons un peuple lorsque l’écrivain regardera les étoiles sans dire : notre patrie est encore
plus élevée… et plus belle !
Nous serons un peuple lorsque la police des mœurs protégera la
prostituée et la femme adultère contre les bastonnades dans les rues.
Nous serons un
peuple lorsque le Palestinien ne se souviendra de son drapeau que sur les stades, dans les
concours de beauté et lors des commémorations de la Nakba. Seulement.
Nous serons un
peuple lorsque le chanteur sera autorisé à psalmodier un verset de la sourate du Rahmân
dans un mariage mixte.
Nous serons un peuple lorsque nous respecterons la justesse et
que nous respecterons l’erreur. »
(Texte choisi par Jacques Fontaine)
LES AMANTS IMAGINAIRES PAR HABIBA DJAHNINE
FRAGMENTS DE LA MAISON (PUBLIÉ PAR LES ÉDITIONS BRUNO DOUCEY)
En cet instant
La moiteur de la terre
Fixe leurs corps
Sur le parchemin de l’amour.
Les complaintes de l’eau
Parviennent à leur fusion
Comme un tissu transparent
Qui enveloppe leur sens.
Là-bas Sur les terres lointaines
Les échos d’une guerre
Interpellent leurs exils.
Imaginaires
Les amants enlacent leurs destins
L’éternité se glisse entre leurs corps séparés.
Au détour d’une caresse factice
Se tient l’éblouissement
D’un ciel sans étoiles
D’un regard échouant sur le flanc de la terre.
De retour à la moiteur
Les pluies chaudes
Massent leurs douleurs répétitives.
Bonheur virtuel ou rupture tactile
Les amants imaginaires
Arrachent leur corps à l’éternité
Pour fuir l’avenir.
(Texte choisi par Fafia Djardem)
Jacques Fontaine nous envoie une partie de la bibliographie qu’il a faite pour la brochure d’Ensemble « Le Hirak, vers une nouvelle indépendance en Algérie »
Aït Dahmane Karima, 2019, Vendredire en Algérie. Humour, chants et engagement, El Ibriz
Editions, Alger, 176 pages
Belkaïd Akram, 2019, L’Algérie, un pays empêché [en 100 questions], Tallandier, Paris,
Dirèche Karima (direction), 2019, L’Algérie au présent. Entre résistance et changement,
IRMC-Karthala, Tunis et Paris, 850 pages.
Filiu Jean-Pierre, 2019, Algérie, la nouvelle indépendance, éditions du Seuil, Paris, 180 pages.
Internationale situationiste, 2019, Adresse aux révolutionnaires d’Algérie, Libertalia, Montreuil,
120 pages.
Revue ESPRIT, n° 455, 2019, Le soulèvement algérien, Paris, p 36 à 82.
Sidi Boumedine Rachid, 2019, Aux sources du Hirak, Chihab Editions, Alger, 236 pages.
Stora Benjamin, janvier 2020, Retours d’Histoire. L’Algérie après Bouteflika, Bayard
15-38 Méditerranée, 2019, Une année en Méditerranée n°2, Marseille, 70 pages.